Goodbye Bégaiement, conseils pour en sortir

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L’été arrive et avec lui…la période critique des oraux et des entretiens d’embauche.
Déjà stressante pour un non-bègue, l’épreuve de l’oral devient une véritable angoisse pour une personne qui bégaie.
Je me souviens ainsi d’un oral d’anglais que j’avais passé pour un concours d’entrée en école de commerce. Alors que j’étais plutôt bon dans cette matière, je m’étais retrouvé presque incapable de sortir une phrase à l’examinatrice. Elle a pris mes nombreux silences ou répétitions pour des hésitations et un manque de vocabulaire. Bien sûr, j’ai eu une note horrible. Il se trouve que le mari de l’examinatrice était mon prof d’anglais. Lorsque je lui ai parlé de ma note, je lui ai dit : « je n’ai pas compris !», ce à quoi il a répondu « Elle, non plus ! »
J’avais pourtant vécu la situation exactement inverse pour mon bac de français et j’aurais dû m’en souvenir… Ma mère avait signalé mon bégaiement à l’académie et j’avais eu ainsi droit à trente minutes en plus pour l’épreuve orale. Ce qui m’a le plus aidé dans cette dispense, c’est que l’examinateur savait que j’étais bègue. Ca m’a même tellement libéré qu’il m’a demandé à la fin pourquoi j’avais demandé cette dérogation ! C’est d’ailleurs toujours ce qui arrive lorsque je fais ce choix de transparence. Après quelques minutes d’échange, mes interlocuteurs me disent « mais enfin, vous n’êtes pas bègue ! ». Mais si, mais si…
Un conseil donc pour tous ceux qui doivent passer des oraux : annoncez-le d’emblée. Ca vous libérera et ça évitera à l’examinateur de penser que vos mots sortent laborieusement parce que vous ne savez rien… Ca vous évitera aussi de concentrer votre énergie sur l’évitement du bégaiement plutôt que sur le contenu de vos réponses.
J’en profite pour relayer une très bonne initiative de l’APB : un dépliant conçu spécialement pour les examinateurs. Il explique ce qu’est le bégaiement et comment réagir face à un candidat qui bégaie. Vous pouvez le consulter ici.

Je conseille aussi fortement cette transparence pour les entretiens d’embauche. Voici deux ans, j’ai postulé pour un poste de responsable marketing dans une grande entreprise : à chaque entretien (cabinet de recrutement puis DRH puis responsable hiérarchique) j’ai dit que je bégayais. Je savais en effet qu’en situation de fort stress, le bégaiement pouvait revenir m’embêter et j’ai préféré prendre les devants. Ca n’a posé aucun problème : ils m’ont remercié pour ma franchise et ça a permis de détendre l’atmosphère. Ils ont pu voir aussi sur mon CV que ça ne m’avait pas gêné pour faire un parcours professionnel intéressant. Résultat : j’ai obtenu le poste… que j’ai finalement refusé mais ça, c’est une autre histoire.
A l’inverse, si vous réussissez à passer les entretiens en masquant votre bégaiement, la pression sera encore plus forte lors de la prise de poste ou de l’entrée dans votre nouvelle école : « mon dieu, il ne faut surtout pas qu’ils découvrent que je suis bègue, que je leur ai caché quelque chose… ».

Outre cette franchise, quelques petits conseils tirés de mon expérience pour diminuer la pression :

Préparez votre entretien : n’ajoutez pas au stress de la prise de parole celui de l’improvisation. Si vous maîtrisez votre présentation, votre argumentaire, c’est un poids en moins. Ecrivez ce que vous voulez dire, quitte à choisir des mots qui vous conviennent (bon OK, ce n’est pas forcément un bon conseil à donner pour un bègue, mais on est dans une situation un peu exceptionnelle…) Souvenez vous de Churchill…(voir l’article d’Alexandre sur parole de begue)

Mettez vous en situation : on fait bien ce que l’on fait souvent. Demandez à un proche de vous faire répéter de manière cool d’abord puis en endossant le rôle de l’examinateur un peu moins sympa, histoire de monter un peu la pression. Demandez ensuite à quelqu’un d’un peu mojns proche… L’idée est de vous exposer un peu plus chaque fois. Pour les entretiens d’embauche, l’idéal est de commencer par postuler à des postes qui ne vous intéressent pas pour faire des exercices en situation réelle sans toutefois qu’il n’y ait trop d’enjeu pour vous. Lorsque l’entretien qui vous intéresse arrivera, certes vous aurez encore le trac (rassurez-vous, pas besoin d’être bègue pour l’avoir) mais vous serez préparé et vous aurez avec vous l’expérience donnée par vos exercices.

Pensez au non-verbal : l’impression que vous allez faire passe aussi par là. Regardez dans les yeux, souriez et écoutez (les bègues sont parfois très bavards et coupent facilement la parole ou écoutent peu leur interlocuteur, obnubilés qu’ils sont par leur propre discours). On a forcément plus envie de travailler avec quelqu’un de franc, souriant et bien élevé… Il faut donner à votre interlocuteur l’envie de vous revoir.

Rappelez vous aussi que 1% de la population bégaie, c’est à dire un candidat sur 100… Vous ne serez sans doute donc pas le premier bègue rencontré par l’examinateur ou le recruteur. En revanche, vous serez parmi les rares à oser en parler ouvertement et de manière transparente, ce qui sera sûrement apprécié. Ce peut-être d’ailleurs l’occasion pour mettre en avant les qualités nécessaires à votre rééducation : volonté, persévérance, rigueur…

Et rassurez-vous : être bègue n’empêche pas de faire des études, d’intégrer de entreprises ou de faire carrière. J’en ai même rencontré un qui avait créé son agence de communication !



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  • Olivier: Test wordpress Olivier
  • Laurent L.: @Carole : votre commentaire ne me fait pas du tout flipper, il me file plutôt une patate pas possible ! Merci beaucoup pour ce retour, ça me fait vr
  • Laurent L.: @Phil et Emma : merci d'avoir eu le courage de persévérer ! Cette histoire de commentaires impossibles commence à me, comment dire... Bon je pr